Specialist Dr. Dr. Valérie Failla

Les spécialistes en parlent

Dr. Valérie Failla
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Dr Valérie Failla sur l’importance de la prise de décision partagée dans le choix du traitement

Au-delà de son rôle de spécialiste, le dermatologue est avant tout une personne de confiance qui accompagne la plupart des patients souffrant de psoriasis durant de nombreuses années. Et puisque chaque patient est différent, le dialogue et l’échange s’avèrent être de précieux alliés dans le choix du meilleur traitement, comme l’explique la Dr. Valérie Failla, dermatologue à la Clinique André Renard à Herstal.

Vous recevez des patients de partout qui vous consultent pour votre approche très personnalisé dans le traitement du psoriasis. Comment se passe leur première visite ?

Quand je vois un patient pour la première fois, je fais bien sûr un examen clinique détaillé, avec notamment une prise de température et de sang, complété par une radio des poumons, afin d’établir un bilan de santé complet. L’étendue de tous ces examens étonne parfois les patients, mais ils sont nécessaires afin de détecter l’éventuelle existence de contre-indications absolues pour certains traitements, comme la tuberculose par exemple. En même temps, cela me permet aussi d’identifier des comorbidités dont souffrirait le patient, comme l’arthrite, les maladies cardiovasculaires et les troubles métaboliques, ainsi que l’hépatite et le diabète, pour n’en citer que quelques-unes.

En même temps et dès le départ, je suis très à l’écoute de mes patients, de leurs craintes et de leurs espoirs. Je mets directement les choses à plat en leur disant qu’ils sont au centre de la prise de décision et puis j’essaie de mettre au point avec eux un plan de traitement qui leur correspond.

Qu’entendez-vous par là ?

Il y a plusieurs facteurs très variés dont il faut tenir compte lors du choix d’un traitement : ainsi, certaines personnes ne sont pas très à l’aise avec les injections, d’autres ont un désir d’enfant, ce qui exclut certains traitements, puis il y a ceux qui sont inquiets par rapport aux traitements qui impactent le système immunitaire, etc. Il faut analyser le mode et l’hygiène de vie de chaque personne aussi. Le poids, la consommation de tabac et d’alcool peuvent impacter l’efficacité du traitement.

Je prends le temps d’expliquer tous ces facteurs et le fonctionnement de chaque traitement, les implications, les éventuels effets secondaires et j’insiste sur la vigilance requise. Je pense que mon point fort dans cette approche, c’est la bienveillance : je n’impose rien aux patients, je ne suis pas là pour les obliger à suivre tel ou tel traitement. Le choix du traitement est donc le résultat d’une décision partagée. Cela dit, je m’adapte en fonction du patient que j’ai en face de moi. Certaines personnes préfèrent que je décide pour elles, souvent parce qu’elles se sentent perdues face à la quantité d’informations qu’elles n’arrivent pas forcément à intégrer tout de suite.

Vous constatez souvent queles patients que vous recevez ne sont pas bien informés ?

De fait. Il y en a qui ont effectué des recherches avant de venir, qui se sont préparés à la consultation et qui viennent même avec certains traitements en tête, mais dans de nombreux cas, les patients arrivent avec beaucoup de questions et parfois avec des idées fausses. Ainsi, un petit nombre pense encore que le psoriasis est contagieux, surtout quand il s’agit de psoriasis inversé (également appelée psoriasis des plis, où les zones affectées sont celles où des surfaces de peau se frottent l'une contre l'autre, comme les aisselles, le nombril ou le pli inter-fessier, ndlr) qui est souvent confondu avec des mycoses.

Très souvent, les patients éprouvent une grande gêne, d’autant plus qu’ils doivent se mettre à nu dans tous les sens du terme. Il faut donc absolument leur donner le sentiment d’être pris en charge, les rassurer et leur faire comprendre que je suis là pour les guider et les soutenir.

En même temps, je les responsabilise en insistant qu’ils ont un rôle majeur à jouer, sans toutefois les culpabiliser, parce que je suis convaincue du fait que cela ne sert à rien. C’est comme un parent : s’il est autoritaire et n’explique rien, l’enfant ne va pas écouter. S’il prend la peine d’établir une relation de confiance, si.

Donc, je mets plutôt l’accent sur le positif, en répétant qu’il existe des solutions et que ça ira forcément mieux. Puis, une fois le traitement déterminé, j’insiste sur l’importance de la compliance et du suivi.

Ceux-ci s’avèrent problématiques ?

Dans de très nombreux cas, les dermatologues peuvent blanchir leurs patients, à condition que ceux-ci suivent scrupuleusement leur traitement. En d’autres mots, le patient est l’acteur principal de son traitement. Il doit respecter le schéma et le dosage du traitement méticuleusement. Il y en a qui sont très bien éduqués, d’autres moins ou pas du tout. Puis, parfois il y a des circonstances extérieures qui empêchent le suivi régulier (comme des infections, une grossesse, des voyages, …). Là aussi, il est essentiel d’informer et de responsabiliser le patient.

Vous êtes en contact avec des confrères et les médecins traitants de vos patients ?

Je pense que c’est important, oui, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’étant donné l’éventail de traitements disponibles, nous avons une grande responsabilité dans le suivi du patient. Il est dès lors essentiel de savoir reconnaître les signes d’alerte, afin de pouvoir référer si nécessaire, ou de demander conseil tout simplement : depuis l’introduction des traitements systémiques, les dermatologues deviennent presque des internistes.

Puis il ne faut pas oublier que le psoriasis, c’est bien plus qu’une maladie de peau bénigne, mais que c’est une maladie inflammatoire chronique de surcroît qui peut causer une détresse psychologique profonde et engendrer une honte difficile à porter. C’est une affection qui a un énorme impact sur la qualité de vie des patients. Nous devons donc, en tant que dermatologues, être en mesure de savoir identifier les besoins psychologiques de nos patients et de les orienter vers un professionnel capable de les aider.

Afin de gérer tous ces besoins, je dispose d’un réseau de confrères spécialisés. Et dans ma pratique, je peux compter sur l’aide d’une infirmière dédiée. Non seulement elle joue un rôle-clé dans la gestion des dossiers de mes patients, mais elle est aussi leur personne de contact à qui ils peuvent poser toutes leurs questions.

Vous savez, le psoriasis est une affection complexe, mais pour laquelle des solutions existent. La maladie me fascine depuis mes études : j’avais déjà consacré mon mémoire aux biothérapies parce qu’elles m’interpelaient. C’est le suivi sur le long terme, les progrès des traitements et la nécessité d’étendre son expertise sans arrêt qui rendent mon métier passionnant. Mais c’est la fonction-clé du dermatologue et le contact avec mes patients qui me font aimer mon travail. C’est très gratifiant.

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