Dr Mark Walschot

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« LE PSORIASIS EST UNE MALADIE SYSTÉMIQUE »

Quelque 30% des patients atteints de psoriasis souffrent également d’arthrite psoriasique, une forme d’inflammation rhumatismale qui affecte les articulations. Il s’agit d’une maladie systémique sur laquelle subsistent de nombreux malentendus. Explications par le rhumatologue Mark Walschot (UZA), qui souligne l’importance d’un traitement adapté et d’un mode de vie sain.

Le psoriasis et l’arthrite psoriasique sont des maladies auto-immunes. Pouvez-vous expliquer ce que cela signifie exactement ?

On parle de maladies auto-immunes lorsque le système immunitaire se retourne contre son propre corps pour une certaine raison. On ignore comment et pourquoi ce processus se produit exactement, mais ce que l’on sait, c’est que quelque part, un groupe de cellules commence à se rebeller, provoquant une réaction inappropriée. Les maladies systémiques sont chroniques et elles peuvent se manifester partout dans le corps : elles peuvent affecter les muscles, les articulations et la peau, mais également entraîner des complications au niveau des organes. Et elles peuvent se déclarer différemment chez chacun, ce qui rend parfois difficile l’établissement d’un diagnostic immédiat. L’arthrite psoriasique, elle, affecte spécifiquement la peau et les articulations.

Les chiffres montrent qu’environ un tiers des patients atteints de psoriasis développent également de l’arthrite. Quels en sont les symptômes ?

Les symptômes les plus courants de l’arthrite psoriasique sont le gonflement des articulations et des doigts ou des orteils, qui doublent de volume. Une raideur accrue et prolongée, surtout le matin, indique également qu’il s’agit d’autre chose qu’un surmenage classique. Il en va de même pour les réveils nocturnes douloureux. Il est important d’être attentif à ce genre de signes, en tant que patient mais aussi en tant que médecin généraliste, car tous les patients atteints de psoriasis ne sont pas suivis par un dermatologue. On constate que plus le psoriasis est grave, plus le risque d’arthrite est élevé. Le type de psoriasis semble également jouer un rôle. Par exemple, l’arthrite est plus fréquente chez les personnes atteintes de psoriasis des ongles, du cuir chevelu, des paumes ou de psoriasis inversé (fesses et zone du nombril), que chez celles qui ne présentent des plaques qu’au niveau des coudes et des genoux. Il est important de traiter cette affection à temps, sans quoi les risques sont assez élevés. L’arthrite psoriasique affecte le cartilage des articulations, et c’est une évolution irréversible. En outre, l’os lui-même peut être atteint et se déformer progressivement. À terme, cette déformation limite la mobilité des patients. La médecine ne dispose que d’une certaine période pour intervenir. Il est donc important de consulter dès les premiers signes et d’évaluer ce qui se passe exactement.

Les personnes atteintes de psoriasis et d’arthrite psoriasique sont plus exposées aux maladies cardiovasculaires, au syndrome métabolique ainsi qu’aux inflammations intestinales et oculaires. Il existe également une association plus fréquente à la dépression.

Comme le psoriasis, l’arthrite psoriasique est une maladie chronique. Comment faites-vous passer ce message ?

Je tiens à souligner qu’il s’agit d’un message nuancé. Nous ne pouvons pas changer le système immunitaire lui-même, donc dans ce sens, la maladie est effectivement chronique. Mais avec un traitement adapté, les symptômes peuvent être traités et maîtrisés. Par ailleurs, si les symptômes sont maîtrisés pendant une période plus longue, on peut envisager d’adapter le traitement et, dans certains cas, même de le supprimer progressivement. Bien entendu, il faut suivre l’évolution de très près, afin de pouvoir intervenir très rapidement si les symptômes réapparaissent.

Le psoriasis peut s’accompagner de comorbidités. Qu’estce que cela veut dire exactement ? Et quelles sont les implications en termes de traitement ?

Les personnes atteintes de psoriasis et d’arthrite psoriasique sont plus exposées aux maladies cardiovasculaires, au « syndrome métabolique » (diabète, obésité, hypercholestérolémie, hypertension artérielle) ainsi qu’aux inflammations intestinales et oculaires. On constate également une association plus fréquente à la dépression, ce qui s’explique sans doute par la perturbation d’un certain nombre de processus chimiques. Comme le système immunitaire joue un rôle dans l’ensemble de notre organisme, il peut causer des problèmes dans tous ces domaines. Certains patients n’évoquent pas spontanément tous leurs symptômes lorsqu’ils consultent un rhumatologue, d’autres arrivent avec un tas de problèmes qu’ils énumèrent en détail. Notre rôle est de voir si nous pouvons discerner des liens, un système. Ici, à l’hôpital, nous mettons en place une structure en vue de faciliter les choses. Nous avons déjà un comité consultatif qui regroupe diverses spécialités, afin de suivre les patients les plus complexes et de coordonner les traitements. Une telle approche peut également contribuer à une plus grande clarté quant aux résultats possibles. Les patients s’attendent parfois à ce que leurs médicaments résolvent tous leurs problèmes, aussi ceux qui n’ont rien à voir avec le traitement prescrit. Dans les pathologies que nous prenons en charge, le traitement vise souvent à ajuster le processus immunitaire et non à remédier aux comorbidités. Celles-ci ne disparaîtront donc pas nécessairement. Cette logique doit être claire afin d’éviter toute déception et d’empêcher que les patients n’arrêtent leur traitement ou ne changent de médicament inutilement.

Les patients sont-ils en général suffisamment informés ?

Oui et non. Il existe une abondance d’informations, bonnes ou mauvaises (et ces dernières sont encore plus faciles à trouver). Ma plus grande frustration est le mot « rhumatisme » : le terme désigne 250 pathologies très différentes les unes des autres, et l’arthrite psoriasique n’est que l’une d’entre elles. J’essaie donc d’éviter ce mot. Et en tant que médecin, nous sommes souvent en concurrence avec le docteur Google, le voisin bien intentionné ou la belle-mère du boulanger du coin. Je prends donc le temps de bien informer mes patients. S’ils savent pourquoi ils prennent un médicament donné, il leur est souvent plus facile de poursuivre leur traitement.

Si les patients savent pourquoi ils prennent un médicament donné, il leur est souvent plus facile de poursuivre leur traitement.

Outre la bonne observance de leur traitement, que peuvent faire les patients pour se sentir mieux ?

Une partie de notre santé est déterminée par nos gènes ; nous ne pouvons pas changer notre ADN qui joue toujours un rôle dans notre sensibilité aux maladies auto-immunes. D’autre part, il y a probablement aussi de nombreux facteurs liés à notre environnement qui n’ont pas encore pu être identifiés. Au-delà, il y a des choses dont on sait qu’elles ont un effet néfaste sur le système immunitaire : le tabagisme, par exemple. Si vous n’aviez pas assez de raisons d’arrêter de fumer, c’est peut-être la plus importante. Et le surpoids qui met les articulations encore plus à l’épreuve. L’obésité peut en outre favoriser les mécanismes inflammatoires. Enfin, il est utile de faire de l’exercice physique. Il ne faut bien sûr jamais exagérer, mais comme dit le dicton, “qui se repose s’ankylose”. Bref, je pense qu’un mode de vie sain est la meilleure chose que l’on puisse faire. Et c’est d’ailleurs valable pour tout le monde.

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